Covid-19 – Vivre le confinement avec des ados : quelques conseils pour les parents!

Le confinement lié à l’épidémie de coronavirus met les familles à rude épreuve. Comment traverser cette période sans trop de heurts avec son ou ses adolescents à la maison ? On vous propose quelques clés d’analyse et conseils pour mieux vivre cette situation inédite et parfois difficile.

Une enquête sur les effets psychologiques liés au confinement menée en Chine montre un stress psychologique modéré ou sévère pour 40 % des répondants. Les plus touchés seraient les femmes, les 18-30 ans et les plus de 60 ans. Les adolescents sont donc particulièrement exposés à ces risques psychologiques (étude publiée dans la revue General Psychiatry).

Des ados privés de leurs relations sociales

Pour mieux comprendre la situation des adolescents pendant le confinement, des journalistes de la chaine LCI sont allés les questionner. Les jeunes trouvent le temps long et souffrent parfois du confinement en famille qui leur donne un sentiment de manque de liberté.

Certains se plaignent de ne plus se rendre dans leur établissement scolaire, expliquant qu’il constitue un lieu de socialisation leur permettant de retrouver leurs amis. Le système d’enseignement à distance ne correspond pas forcement à tous les jeunes, qui parfois regrettent les possibilités d’interaction de la classe non-virtuelle.

Lutter ensemble contre le virus

Le psychiatre Serge Hefez donne quelques clés d’analyse : « C’est plus difficile pour eux. À l’adolescence, on est plutôt dans un esprit de révolte et de résistance. Les adolescents ont été élevés dans l’épanouissement personnel, dans l’esprit critique, dans le fait de remettre en question des acquis. On leur demande un virage à 180 degrés ». (France TV Info santé). Pour faire face à cette situation complexe, il propose aux parents de « faire un effort pédagogique pour que les adolescents comprennent que faire de la résistance, ce n’est pas justement aller lutter contre les ennemis, mais lutter tous ensemble solidairement contre un virus ».

Retisser des liens dans la famille

Le docteur Patrick Genvresse, pédopsychiatre et ancien directeur de la Maison des Adolescents à Caen explique pour sa part aux journalistes de France Bleu : « Ce n’est pas évident du tout. D’autant que nos adolescents, assez naturellement, fuient un peu la proximité parentale. Là, ils sont contraints de se confiner dans le même espace ».  Il propose de transformer cette difficulté en opportunité pour refaire du lien en questionnant les adolescents sur leurs centres d’intérêt : « J’encouragerais les parents à s’intéresser véritablement à ce que font leurs adolescents sur la toile ou quand ils surfent sur le web, quand ils jouent à des jeux en ligneC’est intéressant pour un parent de se dire : tiens, mon fils ou ma fille passe son temps à jouer à tel jeu. Je n’arrête pas de l’appeler pour qu’il vienne un peu avec nous et ce jeu que je trouve à priori débile, qu’est-ce qu’il représente pour lui et en quoi il pourrait me le présenter et me l’expliquer ? ».

Garder des temps et des espaces pour chacun

Le psychiatre incite également les parents à déterminer deux types de temps de confinement bien distincts : « Il faut s’organiser des temps communs et des temps où on confine seul dans un espace préservé. C’est important de refixer des repères du fonctionnement du groupe familial à l’intérieur de ces journées pleines de vide, si j’ose dire ». Garder une certaine distance avec les ados et respecter leur intimité reste primordial pour éviter les tensions en période de confinement.

Ne pas hésiter à les inciter à garder le contact avec leurs amis, dont ils ont particulièrement besoin pendant cette période anxiogène. Limiter les tensions, c’est aussi faire preuve de souplesse vis-à-vis des ados. Par exemple, accepter qu’ils aient un rythme un peu décalé par rapport à celui des parents ou des enfants plus jeunes, dans la mesure où ils sont également responsabilisés vis-à-vis de leur travail scolaire ou des tâches domestiques. Ou encore, ne pas leur interdire de s’isoler sur un écran mais leur suggérer des activités diversifiées et pédagogiques avec les outils numériques.

Favoriser l’autonomie dans les apprentissages

Jessica Hollender, psychopédagogue spécialisée dans l’apprentissage des enfants et adolescents conseille de profiter de l’enseignement à distance pour permettre au jeune de tester son autonomie (L’étudiant). Pour elle « les parents doivent se placer en partenaires plutôt qu’en surveillants. Les parents doivent accompagner la prise d’initiatives des ados et les aider à tester et réaménager leur organisation. Il faut les aider à gagner en autonomie, mais les autoriser à demander de l’aide ».

Les adolescents auront probablement besoin de tester plusieurs configurations de travail avant de déterminer celle qui leur correspond le mieux « Cet espace dépend des personnes. Certains vont s’isoler à un bureau ou sur leur lit, d’autres aimeront se mettre au milieu des autres, avec un casque et de la musique pour se concentrer ». Elle conseille également d’établir les bases d’une communication efficace au sein de la famille « Tous les jours ou tous les deux jours, essayez de mettre en place un espace de discussion où chacun peut poser des questions sur les cours et les devoirs, et parler de ce qui est difficile pendant le confinement ».

Etre attentif aux plus fragiles et demander de l’aide si besoin

Enfin, le confinement est particulièrement difficile à vivre pour les adolescents les plus fragiles. Selon le pédopsychiatre Stéphane Clerget (interrogé sur Europe 1), il faut être d’autant plus attentif aux adolescents déprimés, dont le confinement risque d’augmenter l’anxiété, ou à ceux qui ont des troubles du comportement qui peuvent s’aggraver. De même, les adolescents qui présentent des addictions, que ce soit à des produits comme le cannabis ou à des pratiques comme le sport intensif, risquent de connaître un sevrage brutal dû au confinement. Dans toutes ces situations, les parents doivent savoir qu’ils peuvent demander l’aide de professionnels, par exemple en appelant leur médecin traitant ou en contactant la Maison des Adolescents de leur département.

La Maison des Adolescents des Hautes-Alpes reste joignable par téléphone pendant toute la période de confinement. Pour les adolescents ou les parents traversant une période difficile et souhaitant bénéficier d’un rendez-vous d’écoute avec un professionnel, contactez Marion au 06 31 44 28 99.

L’accueil est gratuit, confidentiel et anonyme si besoin. N’hésitez pas!

Sitographie :

Les adolescents face au confinement : entre résignation et manque de contacts – LCI

Coronavirus : comment expliquer la quarantaine à des adolescents ? – France TV Info

Coronavirus : les conseils d’un pédopsychiatre pour mieux vivre le confinement en famille – France Bleu

Élèves en confinement, quel rôle pour les parents ?- L’Etudiant

Conseils pour bien vivre le confinement avec des adolescents – Europe 1

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